Labé, 05 Juillet (IBC) – La commune rurale de Noussy, relevant de la préfecture de Labé est un exemple typique de l’échec de la politique nationale de la décentralisation matérialisé par le mauvais choix des élus qui manquent d’initiatives concrètes pour la mobilisation des ressources internes nécessaires au développement local et l’absence ou insuffisance de collaboration entre autorités locales et ressortissants. Ces insuffisances freinent le développement socioéconomique de cette collectivité rurale où le maire, Mamadou Oury Diallo et son équipe n’ont que les actions réalisées sur initiative du président de la République, à travers l’Agence Nationale de Financement des Collectivités (ANAFIC), domiciliée au Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, à présenter comme bilan. Entretien !
InfosBruts.com : monsieur le maire, comment se présente aujourd’hui la commune rurale de Noussy ?
Mamadou Oury Diallo, Maire de Noussy : Bon ! C’est le maire de la commune rurale de Noussy, Diallo Mamadou Oury. La commune rurale de Noussy aujourd’hui se présente très bien et les travaux quand même vont bien, pour le moment.
Justement ! Quelles sont les activités que vous déroulez actuellement sur le terrain ?
A Noussy, nous déroulons actuellement l’état-civil en première position. C’est-à-dire, nous exigeons à ce que tous les citoyens prennent les actes de naissance de leurs enfants et qu’ils prennent les actes de mariage et les actes de décès. A l’heure-là, l’Unicef est entrain de nous épauler surtout sur les jugements supplétifs des enfants qui n’avaient pas bénéficié d’actes de naissance à la période indiquée. L’Unicef nous a donné 2000 exemplaires pour 1200 jugements supplétifs déjà utilisés et octroyés aux ayants droit. Il ne reste que 800.
En termes de bilan, qu’est-ce que vous pouvez présenter aujourd’hui après 2 ou 3 ans d’exercice ?
On a 2 ans et quelques mois. Dans ces 2 ans là, nous avons réussi, à travers l’ANAFIC, la reprise de la Maison des Jeunes pour 421 millions de francs guinéens. Nous avons réalisé l’école primaire de Moloko, pour un paquet d’activités qui nous a coûté 385 millions de francs guinéens. Et un hangar dans le marché de Koundjéyah pour 200 et quelques millions de nos francs.
Il y a d’autres activités. Par exemple, le maire a négocié avec l’Agence des Musulmans d’Afrique (AMA) pour avoir une adduction d’eau. A l’heure, chaque citoyen du district du centre, dans quelques jours, aura la pompe devant sa porte.
En dehors des Fonds de l’Agence Nationale de Financement des Collectivités (ANAFIC), quelles sont les actions que vous avez pu réaliser avec les ressources propres de la collectivité ?
Pour ne pas vous mentir, il n’y a pas de ressources presque, parce qu’ils ont supprimé l’impôt, ils ont promis l’envoie de la subvention. C’est ce qui est bloqué. Tout est bloqué partout. On n’a que les petits marchés que nous gérons et où on ne gagne même 30 ou 40 mille par marché et par semaine. On n’a donc pas pu réaliser autres choses sur fonds propres, mais il y a des soutiens quand-même, par quelques ressortissants des différents districts, en eau par exemple, en forage. Nous avons, par exemple, le village Hafia Sogho, le district de Noussy Centre. L’OMVS est entrain d’aménager des plaines pour nos groupements agricoles. Pour le moment, c’est çà.
Monsieur le maire, on va insister sur les difficultés de mobilisation des ressources que vous venez d’évoquer, nous savons qu’il y a des ressources de recettes propres collectivités. C’est notamment les taxes d’abatage, les permis de chasse, la contribution foncière unique (CFU), etc…. Voulez-vous dire que vous ne recouvrez pas ces impôts ?
Pour ce qui est de la taxe d’abatage, on gagne le prix d’un kilogramme de viande qui équivaut à 35 mille par animal égorgé et par marché hebdomadaire. Des fois, si on égorge un animal aujourd’hui, on peut attendre deux semaines sans égorger un autre animal parce qu’il n’y a pas de bêtes. Tout est devenu cher, selon les bouchers. Avant, on vendait le kilogramme de viande, à Noussy, à 30 mille. Les bouchers se sont plaints. Ils sont venus s’expliquer, nous avons trouvé qu’ils ont raison de venir à 35 mille. Même avec ce prix, ils peuvent deux à trois semaines sans qu’ils n’égorgent un animal.
Pour ce qui est du foncier, nous ne recouvrons rien, pour le moment-là. C’est tout dernièrement que la Justice nous a envoyé une fiche à remplir. Quiconque vend ou achète doit mettre sa photo.
Vendre quoi ?
Les parcelles de terre, par exemple. Pour le moment, nous avons des fois 30 mille, 40 mille jusqu’à 50 mille pour tickets d’imposition, à l’occasion des marchés hebdomadaires. En redevance forestières, nous n’avons aucune recette. Le chef du cantonnement forestier à la retraite depuis 2 ans. Jusqu’à présent, il n’a pas été remplacé. Ce qui nous met dans des difficultés. Je suis allé plusieurs fois rencontrer le directeur de l’Environnement pour qu’il affecte un autre à Noussy. Mais, il n’a pas encore trouvé quelqu’un pour venir reprendre les activités ici. Nous ne gagnons rien donc du côté de la forêt.
En dehors de l’ANAFIC, quels sont les partenaires qui appuient le développement de la commune rurale de Noussy ?
On a la chance. Nous bénéficions des aides de l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS). Cette organisation a reboisé plusieurs têtes de source. Ensuite, elle est entrain d’aménager des plaines et des bas-fonds, pour nos agriculteurs, les groupements, surtout.
Vous comptez sur quoi pour élaborer vos plans annuels d’investissement (PAI) ?
Avant, on comptait sur les recettes locales, la subvention promise par l’Etat et l’impôt. Maintenant, il n’y a pas d’impôt, il n’y a pas de subvention et les faibles ressources locales sont insignifiantes. Nous sommes abandonnés presqu’à nous-même.
Quels sont les besoins prioritaires de vos populations actuellement ?
Depuis presque 10 ans, nous n’avons bénéficié d’aucun forage de la part de l’Etat. Les forages que nous avons, ce sont les ressortissants qui ont cotisé pour leurs districts. A l’heure-là, nous envisageons plusieurs choses. Mais, les recettes locales ne peuvent même pas suffirent pour le fonctionnement de la commune.
Avez-vous d’autres difficultés à partager avec nous ?
Nous avons demandé un renforcement de capacité pour notre équipe du conseil communal. Jusqu’à présent, il y a de ces conseillers communaux illettrés qui ne connaissent même pas pourquoi ils sont membres du conseil communal. Quel est le rôle du maire ? Quel est le rôle du receveur communal ? Le rôle du secrétaire général de la commune ? Et leur rôle même ? Quand est-ce le maire peut-il agir seul ? Quand est-ce le maire ne doit pas agir sans les conseillers ? Les conseillers ne connaissent même pas quand est-ce faut-il voter oui et quand est-ce il ne faut pas voter. Un renforcement des capacités est donc prioritaire dans toutes les communes de la Guinée.
Votre équipe est composée de combien de personne ?
Notre équipe est composée de 17 personnes dont 4 femmes.
Vous avez combien de lettrés au sein de cette équipe ?
Parmi nous, il y a trois ou quatre, parce que les gens disent qu’ils sont lettrés, mais quand tu les mets à l’œuvre, tu verras qu’ils ne connaissent rien. Ils n’ont pas de niveau.
Quelle est la nature des relations qui existent entre votre équipe et les ressortissants de la commune rurale de Noussy ?
Elles sont bonnes. Ils ont promis d’y faire face, mais jusqu’à présent ils n’ont pas fait. Mais, chaque district fait face aux problèmes de son district. Les ressortissants de chaque district répondent au nom de leur district. Mais, pas ensemble pour la commune. Mais, ils ont promis quand-même.
Voulez-vous nous dire que les actions des ressortissants ne tiennent pas compte du plan de développement local ?
Jusqu’à présent, non. Mais, je vous dis que chacun investi dans son district. A titre d’exemple, quand l’Agence des Musulmans d’Afrique (AMA) a réalisé ce forage pour le district de Noussy, les ressortissants ont mobilisé près de 300 et quelques millions pour envoyer l’eau à chacun dans sa concession. Ils ont réparé le logement des enseignants du collège et du primaire à Noussy Centre. Vous verrez qu’à Dantawi, ils ont fait trois forages pour les grands secteurs du district. A Hafia Sogho, ils ont cotisé pour faire un forage dans le district. La dernière fois, des ressortissants ont envoyé des cahiers qu’ils ont distribués pour les élèves.
Avez-vous un autre message à nous confier ?
Nous tendons la main à tous les ressortissants pour nous aider parce qu’à leur-là ce sont les ressortissants qui s’ajoutent aux partenaires pour développer les localités.
Nous vous remercions d’avoir accepté de nous recevoir pour cet entretien
Je vous remercie, monsieur Diallo. Je suis très content de vous et j’espère que nous nous reverrons après.
IBC/05/07/2021 ISD