Labé, 26 Mai (IBC) – Dans le premier dossier traité ce mercredi, 26 mai 2021, par le Tribunal de Première Instance (TPI) de Labé, Mamadou Chérif Diallo, 23 ans, a été reconnu coupable des faits de viol et de meurtre de la petite Asmaou Bah, âgée de 14 ans, commis à Pelloun, une localité de la commune rurale de Yembéring, dans la préfecture de Mali.
Pour la petite histoire, c’est au mois d’octobre que le corps sans vie de la petite Asmaou Bah a été retrouvé en état de putréfaction dans un petit puits, entre son village et le marigot où elle était parti pour laver des habits.
Il ressort des débats à la barre que Mamadou Chérif Diallo faisait des travaux champêtres quand il a vu la victime passer pour le marigot. Il a alors décidé de monter un guet-apens pour l’attendre.
« C’était un vendredi, j’ai coupé un bois et je l’ai attendu dans un buisson au bord de la route. Quand elle est venue, j’ai attendu qu’elle me dépasse pour le poursuivre et l’assommer avec le bois. Quand elle est tombée, j’ai abusé d’elle avant de tordre son cou. Lorsque j’ai constaté son décès, j’ai tiré son corps pour le jeter dans un petit puits, un peu éloigner du passage des piétons » a-t-il résumé cette scène dramatique.
Avec la lecture des procès-verbaux d’interrogatoire élaboré par le juge d’instruction, il ressort qu’il y avait un antécédent entre la victime et le bourreau. A en croire madame Sadighatou Diallo, la mère de la défunte Asmaou Bah, sa fille a été agressée par trois fois par le jeune Mamadou Chérif Diallo.
A la question de savoir, l’accusé n’est pas un diminué mental, la mère éprouvée s’est montrée très catégorique dans sa réponse : « je n’ai jamais entendu dire que Chérif est fou. Tout ce qu’on lui dit de faire, il le fait correctement.»
A la barre de l’audience criminelle du Tribunal de Première Instance (TPI) de Labé, Mamadou Saliou Diallo a justifié ses deux crimes commis sur une seule victime (viol et meurtre) par un règlement de compte : « Elle m’a régulièrement accusé de vol. J’ai voulu mettre fin à cette situation. » Il ajoute qu’entre la décision de tuer Asmaou Bah et la commission du crime, il s’est passé juste une semaine. D’où le meurtre par préméditation, selon le représentant du Ministère Public, Cécé Kolié.
Interrogé par son propre avocat, Me Mamadouba Doumbouya, constitué par la clinique juridique de l’Organisation Guinéenne pour la Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen (OGDH), Mamadou Chérif Diallo a avoué aussi avoir préparé le bois, arme du crime, très tôt dans la matinée de ce vendredi noir.
Il faut signaler qu’il y avait trop de contradictions dans les déclarations de Mamadou Chérif Diallo. Ce qui a fait dire à son avocat qu’il ne semble pas être bien portant sur le plan mental. Un argument qui n’est pas du tout passé devant la vigilance du Ministère Public qui a démontré que le prévenu était bien en possession de ses facultés psychiques et mentales.
Une autre ligne de défense a été d’évoquer l’absence du rapport médico-légal dans le dossier : « Nous ne pouvions pas le faire, parce que le corps était déjà en état de putréfaction quand il a été découvert » a coupé court Cécé Kolié du parquet de Labé.
Ainsi, dans ses réquisitions, il a d’abord souhaité que le Tribunal requalifie l’infraction en Assassinat, en se fondant sur les dispositions de l’article 208 du code pénal guinéen qui définit l’assassinat en meurtre avec préméditation. Ensuite, s’appuyant sur les dispositions combinées des articles 206 du code pénal, 818 du code de l’enfant et 535 du code de procédure pénale, il a invité le Tribunal à retenir le prévenu dans les liens de la culpabilité et le condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
Par contre, l’avocat de la défense, a indiqué que le cas de viol n’a pas été prouvé par l’empereur des poursuites, en raison de l’absence du rapport médico-légal dans le dossier. Mais, il a plaidé coupable et demandé la clémence du Tribunal. Car, dit-il, une faute avouée est à moitié pardonnée. Il a alors invité le Tribunal à faire recours à l’article 25 du code pénal, pour « permettre à ce jeune de repartir sur des nouvelles bases. »
A ce niveau, la défense a estimé que la réclusion criminelle à perpétuité requise par le Ministère Public n’est pas proportionnelle à l’âge de l’accusé.
Finalement, statuant publiquement, contradictoirement, en matière criminelle, le Tribunal de Labé a infligé à Mamadou Chérif Diallo, se disant bucheron, à 10 ans de prison ferme assortis de 6 ans de sûreté. C’est-à-dire qu’il doit forcément faire les 6 ans de prison ferme, avant d’espérer bénéficier de certains avantages comme la grâce présidentielle.
IBC/26/05/2021 ISB/ISD