Boké, 08 Juillet (IBC) – La nouvelle cité de Hamdallaye, aménagée par la Compagnie de Bauxite de Guinée (CBG) pour les besoins d’extension de la production de la société dans la commune rurale de Sangaredi, située à 60 km du chef-lieu de la préfecture de Boké, contraste énormément avec l’ancien village dont les cases traditionnelles ont été détruites par les anciens propriétaires pour éviter d’en faire des nids de bandits.
Par Abdoulaye Keïta
Le Village Hamdalaye vide ou presque
Il est 10h45 GMT lorsque nous arrivons sur les lieux ce jeudi 2 juillet 2020. Il nous a fallu 1h de traversée pour parcourir les 60 Km environ qui séparent le chef-lieu de la préfecture de Boké et ce village historique de Hamdalaye qui relève de la commune rurale de Sangaredi.
Cette route bitumée, dans un état de dégradation avancée, a fait l’objet de plusieurs travaux d’entretien qui, malheureusement sous-évalués, se sont avérés peu efficaces. Ce qui paraît incompréhensible pour une voie pourtant pratiquée par plusieurs sociétés minières comme la CBG, GAC, Cobad-Diandian, Ashapura et la SMB pour ne citer que celles-là.
Le ciel a été clément en cette matinée, un soleil qui brille comme il sait bien le faire dans cette partie de la Guinée où le mercure avoisine parfois les 45° C à l’ombre entre février et mai. A l’entrée de Hamdalaye, se dessine un long couloir boisé qui traverse tout le village de l’ex école primaire à la sortie de la localité, en passant par les anciennes cases démolies par leurs propriétaires pour éviter d’en faire des nids de bandits.. L’on remarque très vite des traces de peintures sur la quasi-totalité des arbres du village, vestiges des identifications lors des inventaires. Quelques herbivores paissent çà et là dans un silence de cimetière. Le village est vide de ses habitants… mais pas de son histoire.
La délocalisation des habitants de Hamdalaye terminée ? L’heure du Bilan.
Dans le cadre de l’extension de la production de la CBG, la société, l’Etat et les Communautés par moult négociations parfois complexes et ardues conviennent de la délocalisation du Village de Hamdalaye situé à quelques 10 Km de la ville de Sangaredi, dans le respect des normes requises afin de protéger les habitants déplacés vers leur nouveau site. Il s’agit d’une opération légale et réglementaire lorsque pour utilité publique, une partie du territoire nationale est sollicitée par une entité, (voir les articles 123, 124 et suivants du Code Minier en Vigueur). Le processus d’information, d’explication, de sensibilisation et d’accompagnement non sans difficultés a suivi son chemin jusqu’en début mars 2020 où certains membres de la communauté notamment les jeunes ont décidé librement de se rendre dans leur nouvelle cité proche de la ville de Sangaredi. Les femmes et les sages par la suite ont suivi et définitivement l’ancien village s’est vidé et commence la nouvelle vie dans un nouveau style de bâtisses pour des communautés très enthousiastes de la qualité des édifices, à part des imperfections signalées sur une dizaine de logements ou fosses septiques et un forage avec engagement de la Compagnie pour la correction.
Contrairement aux cases rudimentaires, aux maisons en briques cuites et aux espaces d’habitations réduits, la nouvelle cité des communautés de Hamdalaye se présente comme un eldorado, des constructions écologiques à l’aide de Briques Stabilisées pour répondre à la nécessité de créer un village moderne et respectueux de l’environnement, telle une exigence que s’est fixé la Compagnie des Bauxites de Guinée. L’autre constat, est la présence d’un lotissement permettant aux différentes familles de jouir d’espaces viables et organisés.
Par contre, comme le témoigne Mamadou Bah, Vice-Président du district Lavage et Chef de Village de Hamdalaye, l’un des contrastes avec l’ancien village est visiblement l’absence totale de grands arbres dans le nouveau village moderne.
« La CBG a accepté et s’est soumise à nos recommandations avant que toutes les autres négociations et compromis ne soient trouvés. Nous avons convenus entre autres, que le Cimetière de nos ancêtres et parents ainsi que la tête de nos sources d’eaux sans oublier ‘DEMOUROUDJI’ où sont nos jardins soient intouchables » a-t-il indiqué.
La compagnie des bauxites de Guinée a accepté ce principe de base avant de faire délocaliser les communautés dans la nouvelle cité.
« Si nous devons comparer ces maisons et celles que nous avions, il faut être honnête pour reconnaitre que nous sommes mieux logés et nous disposons de plus d’espaces de vie ici que dans l’ancien village. Nous sommes cependant obligés de vivre sans nos vieux arbres, car ici les arbres sont encore petits et pour ceux qui n’ont pas poussé, la CBG s’est engagée à les réhabiliter » a ajouté notre interlocuteur sans langue de bois.
Dans ce processus de délocalisation qui a été mené par des professionnels, les femmes de ce milieu rural ne sont pas exclues. Un programme d’appui à leur autonomisation a été lancé pour leur permettre de continuer à exercer leurs activités génératrices de revenus habituelles telles que l’agriculture et l’élevage.
A 15 mn de marche du centre du village, des espaces de culture ont été aménagés et équipés de 5 forages solaires pour appuyer les femmes dans la relance d’activités économiques.
« Dans un déménagement, on a toujours la nostalgie de chez soi, mais la société à travers le CECI Guinée nous a promis un accompagnement dans les projets économiques de tout genre tels que l’agriculture et l’élevage. Pour ma part, j’évolue dans le secteur agricole et que vous pouvez l’observer » nous fait remarquer Djenabou Bah, 37 ans environ, mère de famille, – et visiblement heureuse d’avoir été financée et accompagnée pour réussir à soutenir sa famille, après avoir quitté l’ancien village.
Nous avons eu le temps de rencontrer plusieurs habitants avant que la pluie ne mette un terme à nos différents entretiens. Contrairement à certaines délocalisations difficiles, les habitants de Hamdalaye se sont presqu’installés avant la date programmée, afin de s’adapter à la nouvelle cité qui rayonne à la rentrée de la ville minière de Sangaredi.
Des problèmes subsistent cependant, c’est le cas avec les canalisations des eaux de pluies le long des routes du village. La correction de quelques imperfections sur certaines fosses septiques et l’octroi souhaité des panneaux solaires pour les ménages. Il faut faire remarquer que la majorité des ménages dispose de kits de lavage des mains pour la lutte contre le covid-19 qui sévit dans le monde et dans la région de Boké.
Est-il important de signaler que les travaux d’aménagement et de construction des toilettes de la mosquée sont inachevés et sont en cours ?
IBC/08/07/2020 MMC/AK/ISD 622 269 551 & 622 252 611