Mali, 19 avril 2025 (IBC) – Un tournant décisif vient d’être marqué dans le contentieux territorial autour de Diamiou. Le gouverneur de la région administrative de Labé, le Colonel Robert Soumah, a officiellement dissous le bureau du district de Diamiou, récemment créé de manière irrégulière par les autorités préfectorales de Mali, et rattaché à nouveau la localité au district de Dar-El-Salam, dans la sous-préfecture de Téliré.
La décision n°014/MATD/RAL/CAB/2025, signée le 11 avril 2025, vient corriger une violation manifeste des textes législatifs régissant la création des entités administratives en Guinée.
« Le secteur de Diamiou, ne disposant d’aucun acte juridique attestant de son élévation au rang de district, reste et demeure un secteur de Dar-El-Salam », tranche le Colonel-Gouverneur Robert Soumah.
Par conséquent, la composition du bureau du district non reconnu, présidé par Elhadj Hamidou Diallo, tailleur, et comprenant notamment des cultivateurs, des commerçants et un religieux, est dissoute. Le gouverneur instruit également le directeur de cabinet, le préfet de Mali, le sous-préfet de Téliré et le président de la délégation spéciale à veiller à l’exécution stricte de cette décision.
Cette décision régionale remet directement en cause celle prise en 2024 (n°039/MATD/RAL/PRF/MIL/2024) par le préfet de Mali, Colonel Manson Sangala Camara, qui avait érigé de manière unilatérale Diamiou en district. Il affirmait alors s’appuyer sur des requêtes du maire et du sous-préfet de Téliré. Pour légitimer cette opération, des hameaux avaient été artificiellement regroupés en deux « secteurs provisoires », dans le seul but de créer une entité administrative à part entière.
Une méthode qualifiée de « bricolage administratif » par plusieurs citoyens de Téliré, dont certains y voient un favoritisme orchestré au profit de ressortissants influents de la zone installés à Conakry et à l’étranger.
« L’avis des populations n’a jamais été sollicité. C’est une poignée de leaders locaux qui ont imposé ce projet, en ignorant les réalités socioculturelles et géographiques de Dar-El-Salam », confie un citoyen sous anonymat.
L’initiative a ainsi provoqué des tensions croissantes, alimentant la méfiance entre familles, clans et villages partageant le même territoire. Des voix se sont élevées pour dénoncer une instrumentalisation de l’administration locale, notamment l’implication controversée de l’ancien maire Ibrahima Daru Bah, soupçonné d’avoir soutenu l’opération par méconnaissance des implications légales.
Il aura fallu plus d’un an de plaidoyers, de recours et de résistance locale – 12 mois et 11 jours exactement – pour que le gouverneur de Labé tranche définitivement et rétablisse le statut légal de Diamiou comme simple secteur de Dar-El-Salam.
Cette décision fait figure de victoire morale pour les fils et filles de Dar-El-Salam, attachés à la cohésion sociale et à la légalité administrative. Elle met également en lumière les dérives locales de certains représentants de l’État, qui semblent parfois oublier que la légitimité ne saurait supplanter la légalité.
Idrissa Sampiring DIALLO pour Infosbruts.com