Guinée, 18 avril (IBC) – Le vent a tourné à la Fédération Guinéenne de Football (FGF). La révocation d’Aboubacar Dinah Sampil de son poste de président de l’instance dirigeante du football guinéen marque un tournant dans une crise qui couvait depuis des mois. Pour beaucoup, cet épisode sonne comme un retour de bâton, voire une forme de justice rendue à celui qui, selon plusieurs observateurs, était le véritable vainqueur moral du congrès électif de novembre 2023 : le Général Mathurin Bangoura.

L’on se rappelle que lors du dernier congrès électif, organisé sous haute tension, Mathurin Bangoura, président du Club Industriel de Kamsar (CIK), était donné favori. Il disposait d’une majorité confortable parmi les membres statutaires et semblait promis à la présidence. Mais contre toute attente, des manœuvres en coulisses et de fortes pressions institutionnelles ont conduit à son retrait. Dans la foulée, Bouba Sampil, jusque-là président du Conseil d’administration de l’AS Kaloum, a été propulsé à la tête de la FGF. Une élection qualifiée par certains d’ »imposée » plutôt qu’élue.
« À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », commente un analyste du football guinéen. « Sampil n’avait ni le profil technique, ni la légitimité électorale. Il a hérité d’un fauteuil sans l’assise démocratique nécessaire. »
Une présidence sous tensions permanentes
Dès sa prise de fonction, Bouba Sampil a dû faire face à une fronde interne persistante. Accusé d’autoritarisme, de mauvaise gestion et de marginalisation de plusieurs acteurs clés du football national, il a rapidement perdu le soutien d’une partie des membres du comité exécutif.
La crise a atteint son paroxysme début avril 2025, lorsque plusieurs clubs de Ligue 1 et Ligue 2, appuyés par des ligues régionales, ont réclamé sa démission. Ils dénonçaient, entre autres, l’opacité dans la gestion des ressources financières, des conflits d’intérêts, ainsi qu’un climat de défiance installé entre la FGF et les acteurs du terrain (entraîneurs, arbitres, structures de base…).
Face à la pression croissante, et dans un souci de préserver la stabilité du football guinéen, le ministère des Sports, via le Comité National de Rassemblement pour le Développement (CNRD), a fini par intervenir, actant la destitution de Bouba Sampil.
La revanche discrète de Mathurin ?
Pour nombre d’observateurs, cette éviction brutale de Bouba Sampil sonne comme une revanche silencieuse pour le Général Mathurin Bangoura, écarté de manière controversée en 2023. Bien qu’il soit resté discret depuis les élections, son influence n’a jamais totalement disparu. Son profil de dirigeant rigoureux et sa proximité avec les acteurs régionaux du football en faisaient un choix naturel à l’époque.
« L’histoire vient de trancher. Ce poste ne lui a pas été volé, mais retiré par les circonstances. Aujourd’hui, les faits parlent d’eux-mêmes », commente un cadre du football guinéen sous anonymat.
Et maintenant ?
La Fédération est désormais à la croisée des chemins. Un comité de normalisation est mis en place pour gérer les affaires courantes et préparer une nouvelle élection. De nombreux acteurs appellent à une refondation de la gouvernance du football, en insistant sur la transparence, l’inclusion et le respect de la volonté des membres statutaires.
Le rêve d’un football guinéen fort et structuré reste intact, mais il ne pourra se concrétiser sans des bases solides et des dirigeants légitimes. Pour cela, les leçons du passé devront être retenues, et les erreurs évitées.
Idrissa Sampiring DIALLO pour Infosbruts.com