Dans un pays où la vérité devient un acte de résistance, certaines voix, par pudeur ou par décence, devraient simplement se taire. L’opportunisme et l’indifférence face aux exactions de la junte actuelle révèlent un manque criant de conscience chez ceux qui préfèrent leur petit confort personnel immédiat à la justice et à l’intérêt général. Tandis que les droits et les libertés fondamentales sont bafoués, ces individus choisissent d’ignorer les violences, les arrestations arbitraires, et les assassinats sommaires, se contentant de profiter des largesses d’un régime dont ils se sont faits les complices.
Depuis la prise du pouvoir par le CNRD, la Guinée vit une terrible régression. Ce régime militaire se caractérise par une répression féroce, une folie liberticide qui se manifeste par des assassinats de manifestants, des cas de disparitions forcées, des détentions arbitraires et la mise à mort de la presse libre. Parmi ces victimes, Foniké Mengué et Billo Bah sont portés disparus, et leurs familles vivent dans une angoisse insupportable. Elles attendent désespérément des nouvelles de leurs proches, qui ont été enlevés sans explication, en toute impunité.
La liste macabre ne s’arrête pas là : le Général Sadiba Koulibaly et le Colonel Pépe Célestin Guilivogui, deux officiers respectés, sont morts dans des conditions plus que douteuses, sans que le gouvernement ne prenne la moindre initiative pour faire la lumière sur leur décès. Quant au docteur Mohamed Dioubaté, pédiatre émérite de Haute-Guinée, il est décédé en détention dans des circonstances tout aussi obscures, une tragédie supplémentaire qui révèle la brutalité de ce régime. Ces décès sont symptomatiques d’une répression croissante, marquée par la violence aveugle et l’absence totale de respect pour les droits humains les plus élémentaires.
Dans ce contexte, Monsieur Ibrahima Sanoh a choisi de fermer les yeux sur cette réalité accablante. Tandis que le CNRD a trahi le contrat moral qui le liait au peuple de Guinée, reniant sa parole donnée de rétablir l’ordre constitutionnel, Sanoh, en bon affairiste, préfère détourner son regard des souffrances des familles des victimes. Au lieu de dénoncer ces horreurs, il se consacre à défendre ses intérêts personnels, publiant un tissu de contre-vérités qui ne trompe personne. Sa préoccupation n’est pas le bien-être des Guinéens ni la justice pour les victimes, mais la gestion des prébendes qui lui ont été offertes en échange de son silence complice.
Silence Coupable et Dérives Autoritaires
Monsieur Sanoh, il convient de vous rappeler que depuis la prise du pouvoir par le CNRD, la justice en Guinée s’est transformée en un simple outil de répression au service d’un régime militaire défaillant. Les faits sont clairs : 62 jeunes Guinéens ont été assassinés en marge des manifestations contre la junte, sans que la moindre enquête sérieuse ne soit ouverte. Les forces de sécurité opèrent dans une impunité totale, étouffant toute voix discordante avec une violence qui ne cesse de croître. Les arrestations arbitraires, les disparitions forcées, et les détentions illégales sont devenues des pratiques courantes sous ce régime qui s’est affranchi de toute légitimité morale sans que cela ne perturbe le moins du monde votre sommeil.
Pire encore, des figures de premier plan comme le Général Sadiba Koulibaly ou le Colonel Pépe Célestin Guilivogui sont mortes dans des circonstances qui n’ont jamais été élucidées. Ces décès, ainsi que la mort du docteur Mohamed Dioubaté en détention, sont une tragédie pour la Guinée et pour les familles qui demandent justice, mais qui ne trouvent que silence et indifférence de la part des autorités. La douleur de ces familles est immense, et elle est exacerbée par l’inertie des responsables politiques et militaires qui se contentent de profiter de leurs privilèges sans se soucier des souffrances des citoyens.
L’Illusion de la Réconciliation Sans Justice
Monsieur Sanoh, il est hypocrite de parler de réconciliation nationale tout en ignorant délibérément les véritables acteurs politiques et sociaux du pays. Une transition politique ne saurait réussir sans la participation active de ceux qui, depuis des décennies, se battent pour un État de droit en Guinée. L’organisation des « Assises nationales vérité et pardon » n’a été qu’une tribune pour montrer l’incapacité du CNRD à élaborer une réelle stratégie de réconciliation nationale, ignorant les victimes dans la conception et la mise en œuvre du processus de réconciliation. Contrairement à ce que vous laissez entendre, une paix durable ne peut se construire sur l’exclusion, ni sur l’usage des tribunaux comme instruments de vengeance politique.
Vous défendez une junte qui a échoué sur tous les fronts. Depuis trois ans, le népotisme, le favoritisme et la brutalité de ce régime ont poussé 32 000 jeunes Guinéens à fuir le pays, préférant affronter les dangers du désert et les risques des traversées maritimes plutôt que de continuer à vivre sous ce régime oppressif. Le récent drame des migrants guinéens morts en Méditerranée est une conséquence directe de l’échec lamentable de cette transition, qui, loin de répondre aux attentes du peuple, s’enfonce dans la corruption et la répression.
Une Transition Inéluctable
La vérité est simple : le CNRD a échoué. Malgré les discours, la gestion de la transition est calamiteuse, minée par des scandales de corruption, des abus de pouvoir, et une brutalité sans précédent. Tous ces manquements et violations graves ont altéré profondément le climat sociopolitique, conduisant à la situation de blocage actuelle et transformant cette transition en un véritable cas d’école de démagogie populiste au sein de laquelle vous excellez.
Les Guinéens ne sont pas dupes, et ils ont bien compris que cette junte, loin de préparer le retour à l’ordre constitutionnel, s’accroche au pouvoir au mépris des droits humains et des aspirations légitimes du peuple.
Que cela soit bien clair : la transition doit se terminer le 31 décembre 2024. Pas un jour de plus. Les contre-vérités et la propagande orchestrées par des démagogues ne changeront rien à la détermination des Guinéens de reprendre leur destin en main. Nous resterons fermes dans notre exigence d’élections transparentes, inclusives et crédibles, ainsi que dans notre engagement à mettre fin à ce régime militaire autocratique.
Souleymane Souza KONATÉ, Président de la Commission Communication de l’ANAD et Conseiller Chargé de Communication de Cellou Dalein Diallo.