Les tyrans et les despotes qui commettent des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre ou des violations flagrantes des droits humains durant leur règne se croient souvent invincibles. Drapés dans le manteau du pouvoir absolu, ils s’imaginent que l’impunité sera leur compagnon éternel, que leur contrôle sur les institutions, les forces de sécurité et même la justice sera inébranlable. Mais l’histoire, cette implacable gardienne de la vérité, finit toujours par rattraper ceux qui croient pouvoir l’étouffer à jamais.
Pendant qu’ils sont au sommet de leur domination, ces leaders bafouent les droits de leurs citoyens et mènent leurs pays d’une main de fer. Ils manipulent les lois, effacent toute dissidence et musèlent les voix critiques. Pour eux, le pouvoir équivaut à une armure inébranlable qui les préserve de toute conséquence. Pourtant, l’histoire a montré, encore et encore, que cette force qui n’est en réalité qu’illusion et chimère est passagère.
Les figures historiques de la tyrannie offrent une leçon : le destin finit toujours par briser les murs de l’impunité. Slobodan Milosevic, l’architecte du nettoyage ethnique en ex-Yougoslavie, a régné avec violence et brutalité, croyant que la puissance serbe le protègerait indéfiniment. Il est pourtant mort dans une cellule de La Haye, jugé pour génocide et crimes de guerre. Charles Taylor, ancien président du Liberia, a été condamné par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, mettant fin à une carrière de terreur qu’il pensait invulnérable. Saddam Hussein, qui a dirigé son pays d’une main de fer, ne pouvait concevoir un monde où il serait jugé pour des atrocités qu’il a commises. Et pourtant, il a été capturé, jugé et exécuté.
Le cas qui fait actuellement la une des journaux en Guinée et à l’international, est l’arrestation dans la banlieue de Monrovia au Libéria, du colonel Claude Pivi alias coplan, autrefois tout puissant ministre de la sécurité présidentielle sous Dadis Camara et Alpha Condé. Mais il est surtout connu du grand public pour être le meneur de nombreuses mutineries sous Lansana Conté et pour être l’un des principaux auteurs des massacres du 28 septembre 2009, perpétrés dans un stade à Conakry. Massacres pour lesquels il était jugé avant qu’il ne s’évade et dont il a écopé de la réclusion criminelle à perpétuité. Autrefois fort et craint de tous, ce colosse a été appréhendé ce 17 septembre 2024 à bout de force et tout porte à croire qu’il rejoindra sa cellule à la maison centrale de Conakry pour y purger sa peine.
Mais cette quête de justice ne concerne pas seulement les figures historiques lointaines. Aujourd’hui encore, des régimes continuent de violer les droits humains à grande échelle, convaincus qu’ils sont au-dessus des lois nationales et supranationales.
Ce que ces despotes oublient, c’est que le pouvoir est éphémère. Ils peuvent croire qu’ils seront éternellement protégés par leurs armées ou leurs richesses, mais l’histoire a démontré que la justice peut prendre du temps, mais elle arrive toujours. Lorsque ces criminels finissent par tomber, ils découvrent que le monde n’a pas oublié leurs actes, que leurs noms sont gravés dans l’infamie, et que l’histoire se souvient de leurs crimes.
L’injustice, quelle que soit sa durée, finit toujours par succomber à la force des faits et des mémoires collectives. Si le pouvoir est temporaire, la quête de justice, elle, est éternelle. L’histoire peut être patiente, mais elle rend un verdict impalpable.