Conakry, 9 avril (IBC) – Le 12 novembre 2024 aurait dû être un jour de célébration pour tous les enseignants-homologues guinéens. Ce jour-là, le Ministre de la Fonction Publique et du Travail annonçait en grande pompe l’engagement de 825 enseignants dans les effectifs de l’État. Un soulagement pour beaucoup. Mais pour une vingtaine d’entre eux, actuellement en formation à l’étranger, cette annonce a marqué le début d’une profonde désillusion.
Ces enseignants, inscrits en Master ou Doctorat à l’international, ont vu leur nom absent de l’arrêté ministériel, malgré leur appartenance à la même cohorte et leur respect des étapes administratives préalables. En cause : l’enrôlement biométrique, une formalité qu’ils n’ont pu accomplir, faute de moyens pour revenir en Guinée ou à cause d’un manque de communication de la part de leurs représentants syndicaux.
Une exclusion perçue comme une injustice
Pour les enseignants concernés, cette situation est vécue comme une injustice criante. Tous sont bénéficiaires de bourses d’études accordées par l’État guinéen, et se sont engagés par contrat à servir le pays pendant au moins dix ans. Leur mise à l’écart soulève donc des interrogations légitimes : pourquoi ne pas avoir anticipé leur situation, alors même que leur contribution future est essentielle au système d’enseignement supérieur guinéen ?
« Nous ne refusons pas de faire la biométrie. Nous sommes prêts à nous soumettre à cette exigence si elle constitue le seul obstacle à notre engagement. Mais pourquoi n’avoir mis en place aucune mesure alternative ? », déplore un membre du collectif, Malick Sanguiana Camara.
Des responsabilités floues entre syndicats et autorités
Les enseignants ont entrepris des démarches officielles auprès du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Fonction Publique, du syndicat SNAESURS, et même du Conseil National de Dialogue Social. Partout, la réponse est la même.
« La liste validée est celle transmise par le syndicat. Aucun nom n’a été retiré en raison du défaut de biométrie », ajoute notre interlocuteur.
Pourtant, du côté du syndicat, l’argument avancé est différent : le non-enrôlement biométrique justifierait leur exclusion. Une divergence de version qui soulève des doutes quant à la rigueur et à la transparence du processus. Le collectif s’interroge : leurs noms ont-ils vraiment été soumis ? Leurs cas ont-ils été défendus ? Silence radio, jusqu’à présent.
Une perte annoncée pour l’enseignement guinéen
Cette situation, au-delà de ses conséquences personnelles, représente une perte pour le pays. Ces enseignants en formation sont en train d’acquérir des compétences avancées qui auraient directement bénéficié à l’université guinéenne. Leur exclusion envoie un message contradictoire : faut-il se former pour mieux servir ou se résigner à l’exil professionnel ?
Pour ces oubliés de l’arrêté, pas question d’abandonner. Animés par la passion de l’enseignement et la volonté de servir dignement leur pays, ils continuent de se battre, dans le respect des institutions, pour que justice leur soit rendue.
Ils lancent aujourd’hui un appel solennel aux autorités et aux responsables syndicaux : ne les laissez pas dans l’ombre. Une administration juste repose sur le principe d’équité. Et à ce jour, ce principe semble avoir été bafoué.
Idrissa Sampiring Diallo
Directeur de publication Infosbruts.com
Contacts: (00224) 622 269 551 & 664 46 71 71