Guinée, 27 Mars (IBC) – Thierno Monénembo, écrivain guinéen de renom, est connu pour son franc-parler et son regard critique sur la gouvernance africaine. Dans une déclaration sans détour, il exprime son rejet catégorique du pouvoir politique, qu’il qualifie de « merde », affirmant ainsi son refus d’y être associé :
« Je ne serai jamais ni président, ni ministre, ni préfet, ni sous-préfet, ni chef de cabinet, ni chef de toilette. Ça ne m’intéresse pas, ces trucs-là ne m’intéressent pas du tout. J’ai trop compris que le pouvoir africain, c’est de la merde. Je n’ai pas envie de mettre mes mains dans cette merde. J’ai envie de garder mes mains propres jusqu’à ma mort. »
Par ces mots incisifs, Monénembo dénonce avec virulence la nature du pouvoir en Afrique, qu’il perçoit comme corrompu, opportuniste et dénué de toute véritable volonté de changement.
Un regard sans concession sur le pouvoir africain
Cette déclaration traduit une désillusion profonde face aux pratiques politiques qui gangrènent de nombreux États africains. Pour Monénembo, le pouvoir n’est pas un instrument de transformation sociale, mais un cercle vicieux de compromissions, de clientélisme et de mauvaise gouvernance. Derrière son ton provocateur, il soulève une problématique essentielle : l’incapacité des élites africaines à incarner un leadership intègre et tourné vers le bien commun.
L’écrivain, qui a consacré une partie de son œuvre à explorer les dérives autoritaires et les violences politiques en Afrique, refuse d’être associé à un système dont il ne reconnaît ni la légitimité ni l’efficacité. Son rejet est total, non seulement des hautes fonctions, mais aussi des rôles secondaires au sein de l’appareil d’État, qu’il juge tout aussi complices d’un système dévoyé.
Un engagement intellectuel au service de la vérité
Loin de l’arène politique, Monénembo a choisi la littérature comme principal moyen d’expression. À travers ses romans et essais, il s’attaque aux dictatures, à l’absurdité du pouvoir et aux illusions perdues de l’indépendance. Son œuvre, marquée par des récits souvent inspirés de faits historiques et politiques, se veut une tribune pour dénoncer les travers des régimes africains.
Contrairement à certains intellectuels qui tentent d’influencer les politiques de l’intérieur, Monénembo fait le choix radical de rester en dehors du jeu politique. Il incarne ainsi une figure d’intellectuel dissident, dont l’indépendance de pensée est une forme de résistance face à un pouvoir qu’il considère irrémédiablement perverti.
Un rejet partagé par d’autres penseurs africains
L’attitude de Monénembo rappelle celle d’autres écrivains et intellectuels africains qui ont exprimé leur défiance vis-à-vis du pouvoir politique. Sony Labou Tansi, Ahmadou Kourouma, ou encore Mongo Beti ont tous, à leur manière, utilisé la littérature comme un outil de contestation et de dénonciation des dérives des régimes en place.
Ce rejet du pouvoir par certains intellectuels africains s’inscrit dans une tradition plus large de critique des élites, perçues comme responsables du maintien du statu quo et de l’échec du développement. Pour eux, le combat se mène par la plume et la pensée, loin des compromissions du pouvoir.
Conclusion : un choix d’intégrité et de liberté
Tierno Monénembo, en refusant catégoriquement toute implication politique, pose un geste fort : celui de l’intégrité et de la fidélité à ses convictions. Son rejet du pouvoir est un acte de résistance contre un système qu’il juge irrécupérable. À travers ses écrits et ses prises de position, il continue de questionner, d’interpeller et d’éveiller les consciences, prouvant ainsi que la véritable influence ne réside pas toujours dans les hautes sphères du pouvoir, mais aussi et surtout dans la force des idées.
Idrissa Sampiring DIALLO
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