Ce 1er décembre 2024, restera gravé dans les mémoires des Guinéens comme une date marquée par une profonde douleur, une tragédie qui a touché le cœur de la nation. Ce qui devait être un moment de célébration, d’unité et de joie s’est transformé en un drame indescriptible, faisant de nombreux morts et plusieurs blessés. Ce tournoi de football, organisé sous le signe du fair-play et destiné à rassembler les citoyens de Nzérékoré et ceux de Labé, avait pour objectif de symboliser l’union, la fraternité et l’espoir d’une Guinée unie. Malheureusement, cette communion a été brisée par une série d’incidents tragiques, transformant l’euphorie en détresse et l’espoir en désillusion.
Un moment d’unité brisé
Ce tournoi, censé être un symbole de réconciliation et de fierté nationale, devait transcender les clivages ethniques, régionaux et politiques. Au lieu de cela, il s’inscrit désormais dans l’histoire sombre de notre pays, comme un rappel douloureux des défis qui subsistent dans notre quête d’unité. Ce drame illustre non seulement la fragilité de notre cohésion sociale, mais aussi les maux profonds qui rongent notre société : l’hypocrisie, la jalousie, la méchanceté et les manipulations.
Les racines du mal
Les blessures de ce jour sont le reflet d’un mal-être collectif, alimenté par des tensions latentes et des divisions qui persistent malgré les efforts de refondation. Certains, mus par des intérêts personnels ou politiques, semblent prêts à semer le chaos pour satisfaire leurs ambitions. Ces individus, souvent manipulés ou manipulateurs, exploitent les vulnérabilités de la société guinéenne pour atteindre leurs objectifs, sans considération pour les conséquences humaines et sociales de leurs actes.
On entend dire que ce qui est arrivé était peut-être écrit, une fatalité inscrite dans le destin. Mais la fatalité ne doit jamais être une excuse. Pouvions-nous éviter ce drame ? Oui, sans doute. Cela aurait nécessité une vigilance accrue, une meilleure anticipation des risques et, surtout, un engagement sincère de tous pour promouvoir la paix et l’unité.
La responsabilité de tous
Il est important de rappeler que le développement de la Guinée est une responsabilité collective. Chacun, à son niveau, doit œuvrer pour bâtir une société plus juste, plus solidaire et plus paisible. Cela implique de dépasser les intérêts individuels pour embrasser une vision commune, celle d’une Guinée forte et unie.
La citoyenneté, ce mot trop souvent galvaudé, doit être compris dans son essence la plus profonde : un engagement à aimer son pays, à respecter ses concitoyens, et à travailler ensemble pour un avenir meilleur. Cela signifie aussi adopter des valeurs comme la transparence, la générosité, la paix et la solidarité.
Une opportunité pour la refondation
Dans ce contexte de transition, le Général Mamadi Doumbouya représente une véritable chance pour la Guinée. Ses actions, bien qu’encore en cours, ont déjà permis de poser les bases d’un renouveau. Mais cette transition ne peut réussir sans le soutien actif et sincère de tous les Guinéens. Il est impératif de mettre de côté les rancunes, les jalousies et les intérêts partisans pour s’unir autour de l’objectif commun : une Guinée prospère et en paix.
Il est regrettable que certains, animés par des ambitions personnelles ou des rancunes, cherchent à saboter ces efforts de refondation. Pourtant, l’histoire jugera sévèrement ceux qui choisissent la division au détriment de l’unité, et l’intérêt personnel au détriment du bien commun.
Un appel à l’unité et à la prière
En ce moment de douleur, il est essentiel que nous, en tant que nation, nous tournions vers Dieu et vers nos valeurs ancestrales de solidarité et de fraternité. Prions pour la paix, pour la guérison des blessés, et pour le repos des âmes des disparus. Offrons nos condoléances les plus sincères aux familles endeuillées, au président de la République, et à tout le peuple guinéen.
Ce drame doit nous servir de leçon et nous rappeler que la construction d’une nation forte et unie demande des sacrifices, mais aussi une détermination à rejeter tout ce qui nous divise. En ces heures sombres, faisons le choix de l’amour, de l’entraide et de la résilience. Ensemble, nous pouvons transformer cette tragédie en un point de départ pour un avenir meilleur.
Que la Guinée, dans sa douleur, trouve la force de se relever.
Par Oumar THIAM. Secrétaire général du CERAG, activiste de la société civile guinéenne et analyste politique.