Guinée, 21 Mars (IBC) – De regard d’un observateur de la scène sociopolitique guinéenne, on est en mesure d’affirmer que les manifestations de rues engendrent des bénéfices pour bien des acteurs. Si certains guinéens pensent que leur pays n’a point besoin de manifestations de rues parce qu’elles se soldent assez souvent par de morts d’hommes et de dégâts matériels importants, d’autres estiment qu’elles représentent un droit fondamental permettant aux citoyens d’exprimer leurs désaccords quand ils ne sont pas d’accord sur quoi que ce soit. D’où les clivages qu’on a connus ces dernières années entre manifestants et contre-manifestants qui se disputent l’espace civique guinéen. Mais alors, à qui profite les manifestations en Guinée ?
Aux organisateurs ? Evidemment ! Car ils ont toujours quelque chose à défendre et mettent de moyens dans la mobilisation. C’est toute une équipe qui travaille d’arrache-pied, à travers notamment la communication dans les médias traditionnels et les réseaux sociaux.
Aux contre-manifestants ? Sans doute aussi. Souvent des acteurs sociaux se séparent à queux de poisson après une collaboration dans des manifestations, certains bénéficiant de nomination changent de discours et d’autres attendent le tour suivant. Crise de confiance et naissance de frustration, la résultante c’est le divorce. Et l’État est accusé d’avoir fait circuler des billets de banque, souvent sans preuve.
Aux manifestants ? En effet, oui. À la veille de chaque manifestation de jeunes sont actifs pour la mobilisation de leurs camarades. Qu’est-ce qu’ils perçoivent et de qui ?
Au gouvernement ? Peut-être. Mais seul le ministère de la sécurité et celui de la défense nationale peuvent nous dire avec exactitudes combien l’État débourse dans l’achat du matériel de maintien d’ordre. (Les caméras de surveillances installés le long des routes de la capitale ; les matraques, les gaz lacrymogènes, les engins roulants tel pick-up et autres équipement des agents de maintien d’ordre sur le terrain, eux-mêmes combien ils perçoivent par jour comme (prime de risque) ?
Un jeune de l’axe Hamdallaye-Bambéto-Cosa, qui a l’expérience des manifs de rue de Conakry, nous a confié que les manifestants sont toujours infiltrés par des corps habillés. « Ce sont eux qui jettent les cailloux en premiers pour nous inciter à réagir. Il y a des gens qui sont plus chauds et qui ne se fatiguent jamais et ils sont là dans toutes les manifestations. Même s’ils sont arrêtés aujourd’hui et qu’il y’a manifestation demain ils seront présents », explique-t-il. Si c’est vrai, eux aussi ont-ils un traitement spécifique pour leurs actes ?
La vendeuse de l’eau qui se cherche entre manifestants et force de l’ordre ? Elles sont perçues dans chaque manifestation avec tous les risques qu’elles encourent mais elles sont là.
A la mère de famille qui ne demande que son quotidien et qui voit sa marmite renversée au meilleur des cas ? Au pire, son enfant ensanglanté réduit à l’infirmité ou tué ? Je n’en crois pas. Et vous ?
Le cimetière lui n’a malheureusement jamais perdu après les manifestations, il reçoit de nouveaux ‘’martyrs’’. Mais à qui profite vraiment les manifestations, moi je n’en sais pas trop. Et vous ?
Mamoudou Boulléré Diallo, journaliste guinéen.