Guinée, 07 Févr (IBC) – Malgré les nombreuses déclarations d’abandon de l’excision par les communautés villageoises du pays, son taux de prévalence en Guinée reste le plus élevé parmi les pays de l’Afrique de l’Ouest, a appris votre quotidien en ligne infosbruts.com d’une source officielle.
Les autorités guinéennes déploient beaucoup d’efforts dans le cadre de la lutte contre les mutilations génitales féminines. Elles sont appuyées dans ce combat par les organisations non gouvernementales et les institutions internationales spécialisées. Mais, le taux de prévalence de l’excision en Guinée reste le plus élevé parmi les pays de l’Afrique de l’Ouest. Le rapport de la dernière enquête de démographie et de santé réalisée en 2018 fait état de 95% de cas d’excision chez les femmes de 15 à 49 ans.
Selon l’inspectrice régionale de la promotion féminine, de l’enfant et des personnes vulnérables de Labé, Fatoumata Diakité le gens se cachent désormais derrière « les anniversaires » pour se livrer à cette pratique. C’est ainsi que 5 cas d’excision ont été découverts en 2022 dans la préfecture de Lélouma. Suite à ces cas pris en flagrant délit, trois exciseuses traditionnelles ont été jugées et condamnées par la Justice de Paix de Lélouma.
Malgré les nombreuses déclarations d’abandon de l’excision organisées par plusieurs communautés villageoises guinéennes, la persistance du fléau est favorisée par des croyances religieuses et des considérations coutumières, regrette la présidente par intérim du club des jeunes filles leaders de Labé, Thierno Fatoumata Oury Diallo.
Les scientifiques et le corps médical sont unanimes. La pratique de l’excision est néfaste à la santé des femmes et des enfants : les problèmes urinaires, mictions douloureuses, infection des voies urinaires, les problèmes vaginaux, les pertes vaginales, ulcérations et autres infections. Des conséquences sanitaires pouvant provoquer des problèmes psychiques et psychologiques conduisant à des cas de divorces ou de refus de se marier, rappelle la cheffe du service de la maternité de l’hôpital régional de Labé, Dr Fatoumata Binta Barry.
C’est justement en raison des conséquences néfastes de cette pratique traditionnelle affectant la santé des femmes et des enfants que, sur le plan légal, la Guinée s’est dotée de textes très sévères.
« Tout acte de cette nature est puni d’un emprisonnement de mois à 2 ans et d’une amende de 500 mille à 2 millions de francs guinéens ou de l’une de ces deux peines seulement. S’il y a eu préméditation ou guet-apens l’emprisonnement est de 2 ans à 5 ans et l’amende va d’un million à 3 millions. La peine maximale est appliquée lorsque les mutilations génitales féminines sont pratiquées dans une structure sanitaire publique ou privée et favorisée par une personne relevant du corps médical » indique Mouley Ismaël Diallo, Juriste consultant à Labé.
Avec cette arme de dissuasion juridique, la pratique prend une autre forme. Des chiffres démontrent que 17% des cas d’excision sont actuellement pratiqués par des professionnels de santé. Cette surprenante tendance à la médicalisation des mutilations génitales féminines restent préoccupantes pour les acteurs mobilisés contre les violations graves de ce droit à l’intégrité physique des victimes.
Idrissa Sampiring Diallo pour infosbruts.com
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