Guinée, 07 Févr (IBC) – Le médecin Dr Amadou Baïlo Diallo a produit un livre intitulé « Les mémoires d’un enfant de Sannoun » paru chez l’Harmatan Guinée, le 6 juillet 2022. Dans son premier ouvrage, l’auteur décrit ses origines, son enfance, le rêve de son grand-père paternel Mody Bhoye de voir son fils devenir élève. Le voyage de ses parents au Sénégal et l’éducation qu’il a reçue auprès de ses deux grands-mères. Il relate aussi les conditions de son baccalauréat à Sannou, et comment il a quitté ses parents pour suivre ses études universitaires à Conakry. Son adaptation à l’enseignement des professeurs soviétiques à la Faculté de Médecine, les échecs et succès aux différents examens et les faits historiques qui l’ont marqué pendant cette période. Après l’obtention de son diplôme de médecin, sa formation au Canada comme étudiant boursier, son mariage, les naissances de ses enfants et son recrutement à la fonction publique guinéenne en 1998, l’auteur parle de son expérience et son parcours professionnel, qui le mène aujourd’hui au poste de Conseiller Régional chargé de la gestion des risques sanitaires et de préparation aux pays à l’OMS. Interview exclusive!
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Je m’appelle Elhadj Amadou Baïlo Diallo, né à Daka, dans la Sous-Préfecture de Sannou relevant de la préfecture de Labé en République de Guinée. Je suis médecin Épidémiologiste actuellement conseiller régional chargé de gestion des risques sanitaires et de la préparation aux pays au bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, Hub des Urgences, Dakar (Sénégal). Avant ce poste, j’ai occupé plusieurs positions à l’OMS au Zimbabwe, au Gabon, au Congo, au centre de coopération internationale en santé et développement (CCISD), Canada et au Centre national de formation et de recherche de Maferinyah. J’ai fait mes études primaires et secondaires (De 1969 à 1981) respectivement à l’école primaire de Sannou et au centre d’enseignement et d’éducation révolutionnaire (CEER) de Sannou. Après avoir décrocher mon baccalauréat deuxième partie session 1981, option agropastorale à Labé, j’ai été orienté à la Faculté de Médecine de l’Université Gamal Abdel de Conakry d’où j’ai obtenu le Diplôme de médecin en 1990 avant de partir à l’Université Laval (Canada) pour suivre mes études postuniversitaires d’où j’ai mon diplôme de Maître Es Sciences en Épidémiologie en 1998. Je suis marié et père de cinq enfants, je parle français et anglais.
Votre ouvrage « les mémoires d’un enfant de Sannou » est un livre autobiographique. Qu’est-ce qui a inspiré le médecin que vous êtes?
Les écrits de personnages africains tels que de Camara Laye (Guinée), Amadou Hampaté Ba (Mali) et Nelson Mandela (Afrique du Sud) m’ont beaucoup inspiré. En plus de cette inspiration, pour motiver les jeunes vous savez j’aime beaucoup raconter les faits historiques qui m’ont marqué. Mes enfants, les jeunes de mon village, mes étudiants et les jeunes cadres avec lesquels j’ai travaillé m’ont encouragé et motivé d’écrire sur mon parcours. Voilà mes sources d’inspiration et de motivation.
Quels sont les sujets que vous abordez dans ce livre?
Dans ce livre, plusieurs sujets sont abordés qui sont décrits en cinq chapitres à savoir (i) mes origines, (ii) mon enfance, (iii) mes études, (iv) ma carrière et (v) mes amitiés.
Je décris au premier chapitre mes origines sous forme d’histoire, de l’arbre généalogique et de la distribution spatiale des membres de ma lignée en commençant par les ailleux, les grands parents du côté de mon père et de ma mère, nos parents, les enfants (que suis avec mes cousins et cousines), et les enfants.
Au chapitre 2, je raconte mon enfance auprès de deux grands-mères qui sont par ailleurs des coépouses, les types de soins que je bénéficiais en fils unique. Dans ce chapitre je parle aussi de mes amis d’enfance, de l’origine de mon nom Amadou Baïlo, le voyage de mes parents comme navetanes au Sénégal et quelques souvenirs qui m’ont marqué auprès de mes parents et surtout de mon père qui assurait les fonctions de chef de notre village.
Le chapitre 3, aborde mes études et, il décrit l’histoire de mon inscription à l’école du blanc dont mon grand-père rêvait que son fils qui est mon père fréquente mais ce rêve ne se réalisera que sur son petit-fils que suis-je. Je raconte le choc que j’ai eu quand je suis venu pour la première fois en classe je trouve que l’on enseigne la langue nationale Poular au lieu du Français que j’avais hâte d’apprendre. Le livre explique aussi comment le Directeur de l’école primaire de Sannou a convaincu et assisté pour m’inscrire à l’école. J’explique comment en pleine révolution culturelle socialiste on conciliait les études et la production exigeait par le système d’alors, les conditions dans lesquelles on faisait les examens nationaux, mon orientation à la Faculté de médecine, les enseignements reçus des professeurs soviétiques et, enfin je parle des différents faits qui m’ont marqué pendant cette période. Parmi ces faits figurent, l’agression portugaise le 22 novembre 1970, le cheitane 1976, la mort du Président Sékou Toure et la prise du pouvoir par le comité militaire de redressement national (CMRN) et la préparation de mon mémoire de fin d’études supérieures.
La recherche de l’emploi, les appuis et conseils reçus, les naissances de mes enfants, les différents postes de responsabilité, ma contribution au renforcement des systèmes de santé en Afrique, la lutte contre les maladies telles que le paludisme, Ebola, la Covid-19, mes séjours au Canada, au Burkina Faso, au Gabon, Zimbabwe, en Guinée, au Congo ainsi les missions exaltantes sont décrites au chapitre 4 du livre.
Mes amitiés avec plus d’une centaine de personnalités de différentes nationalités qui m’ont admiré, et ou pour lesquelles j’ai une affection particulière sont décrites au chapitre 5.
L’interdépendance entre ces chapitres est une particularité de cet ouvrage. Un des lecteurs qui est un collègue m’a dit en lisant votre livre j’étais moins intéressé par les origines mais les autres chapitres, et un deuxième lecteur me dit que le premier chapitre qui décrit mes origines l’ont beaucoup intéressé vu que nous sommes d’une même lignée familiale, il me dit que la description de mes origines lui donne une description de l’arbre généalogique de notre famille.
Vous avez pris combien de temps pour écrire ce livre?
La rédaction du livre s’est déroulée en plusieurs phases à savoir la rédaction du manuscrit qui m’a pris six mois, la relecture par ma femme, mes trois filles et un ami, ceci a pris trois mois. Il faut dire que j’avais un contrôle sur ces phases. La phase d’évaluation du manuscrit par la maison d’édition, l’intégration des commentaires de la maison d’édition, la mise en forme et la diffusion qui ont pris douze mois. Au total que j’ai pris dix-huit mois pour sortir cet ouvrage.
Est-il facile d’écrire?
Vous savez, quand j’ai reçu les commentaires de l’évaluateur du manuscrit de cet ouvrage qui disait ceci « je félicite le médecin qui s’est lancé dans le tumultueux fleuve de l’écriture » je me suis rendu compte que je me suis effectivement lancé dans un domaine qui n’est pas le mien, mais les appréciations de l’évaluateur de l’harmattan Guinée m’ont motivé davantage.
D’après le spécialiste de l’écriture des ouvrages, le contenu était bon mais le style et la syntaxe nécessitaient une révision. Étant médecin, j’ai rédigé et collaboré pour la rédaction de plusieurs articles et documents scientifiques en rapport avec les sciences de la santé.
En somme, il n’est pas difficile de rédiger mais, il faut retenir que chaque domaine de la science a ses règles et style de rédaction bien que certains principes soient parfois les mêmes.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées au cours de la rédaction de ce livre?
Je peux dire que j’ai rencontré des difficultés dans la rédaction de ce livre et qui sont entre autres les contraintes liées à l’identification d’un éditeur et au financement.
(i) L’identification de l’éditeur : Comment trouver un éditeur, connaître le mode opératoire des éditeurs et de s’accorder sur les modalités d’appui que la maison devait m’apporter m’ont pris énormément du temps aussi.
(ii) Le financement : En rédigeant ce livre mon objectif premier n’est pas de me faire de l’argent, mais étant moins expérimenté pour la recherche de bailleurs j’ai financé sur fonds propres toutes les étapes de rédaction du livre.
Quels conseils avez-vous à donner aux intellectuels qui hésitent à écrire soit parce qu’ils pensent que c’est difficile ou qu’ils ont peur de partager avec la postérité leurs mémoires?
Écrire est un art et, pour le faire il faut de la passion et une forte la volonté pour commencer. Pour moi c’est qui était difficile c’est comment commencer. Chaque personne a une histoire qui lui est propre. Les communautés sont constituées par les individus et les nations sont constituées à leurs tours par les communautés. Écrire sur soit même est une manière d’écrire sur sa communauté et de sa nation.
Vous savez on peut raconter son histoire de plusieurs manières soit en parlant aux griots ou les hommes de paroles qui s’en chargent du reste. Dans les réseaux sociaux nous voyons assez d’histoires racontées sur les résistants guinéens et autres personnages qui ont fait la Guinée et l’Afrique ou en écrivant sur soi-même ou faire écrire, moi j’ai opté parce que j’ai eu la volonté de raconter à 60 ans de vie mon vécu de 53 ans, une façon de contribuer à la promotion de la culture et de l’histoire de mon pays.
Pour moi, écrire n’est pas difficile, j’encourage mes compatriotes à écrire sur leurs passés, et en le faisant ils auront contribué à l’écriture de l’histoire de leur pays qui à mon humble avis a besoin d’être écrite par ceux-là qui l’ont vécu. N’attendez pas que quelqu’un votre histoire autrement elle sera tronquée. J’encourage donc tous les intellectuels et les détenteurs du savoir d’écrire et de former les jeunes générations sur les faits qui ont marqué leurs pays et c’est ainsi qu’on développe une nation en transférant les connaissances et vécues de génération en génération.
Comment avoir votre livre en Guinée? A quel prix?
Le livre coûte deux cent mille francs guinéens soit 20 Euros; et il est publié par la maison d’édition Harmattan depuis le 6 juillet 2022. Les lecteurs peuvent l’acheter dans les maisons d’édition Harmattan en Afrique, en Europe ou dans les maisons d’édition affiliées à Harmattan.
En Guinée, il est disponible à Harmattan Guinée, sise au quartier Almamya dans la Commune de Kaloum.
Le livre est également accessible en ligne au lien ci-dessous. Aux États-Unis et au Canada, les lecteurs peuvent le commander via Amazone.
https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_memoires_d_un_enfant_de_sannou_autobiographie_amadou_bailo_diallo-9782140280184-73829.html
Avez-vous un autre message à nous confier?
Je vois que le presse en ligne est très active en Guinée, je vous en félicite et profite de l’opportunité que vous m’offrez pour parler de mon livre pour adresser mes remerciements à votre journal. Je compte sur votre accompagnement pour la diffusion de cet ouvrage, tout en espérant bientôt un second ouvrage qui traitera sur un thème beaucoup plus technique.
Propos recueillis par Idrissa Sampiring Diallo pour infosbruts.com
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