Labé, 15 Mai (IBC) – Dans le cadre de son programme de lutte contre les violences sexuelles, l’ONG Solidarité Suisse-Guinée vient de recevoir à Labé une importante délégation de la Fédération Internationale de la Planification Familiale (IPPF), conduite par la directrice régionale Afrique, Madame Marie-Evelyne Petrus-Barry, basée à Nairobi, au Kenya, rapporte votre quotidien en ligne infosbruts.com en Moyenne Guinée.
Cette importante délégation comprenait aussi la chargée des programmes de la Fédération Internationale de la Planification Familiale (IPPF), Manuelle Hurwitz, venue de Londres. Son séjour de travail à Labé commencé par une série de visites de courtoisie aux notables et aux autorités régionales, préfectorales et communales qui n’ont pas manqué de témoigner aux hôtes de marque l’excellente qualité des relations entre l’ONG Solidarité Suisse-Guinée.
L’imam de Labé, Elhadj Thierno Badrou Bah, inspecteur régional des Affaires Religieuses a mis l’occasion à profit pour reconnaitre l’ONG Solidarité Suisse-Guinée associe régulièrement les chefs religieux à ses activités.
« Ce que l’ONG fait comme activités sur le terrain est bénéfique pour tout le monde. Ce n’est pas pour les musulmans seulement. Quand on parle de lutte contre les violences faites aux femmes, de planification familial et d’espacement des naissances, c’est pour le monde entier. Chacun a besoin de faire attention à cette question. C’est le travail de toutes les religions. La délégation a rappelé ici que nous sommes des leaders religieux qui participons à la sensibilisation des citoyens. Nous les remercions et les encourageons de la démarche qui vise à venir évaluer le travail de leurs partenaires de terrain » a rassuré le chef religieux.
Parlant de planification familiale, le secrétaire préfectoral des Affaires Religieuses de Labé, Elhadj Thierno Boubacar Baldé a cité des versets pour démontrer que le Saint Coran recommande l’espacement des naissances. Il a précisé que la naissance et l’allaitement doit couvrir une période de 30 mois.
Le maire de la commune urbaine de Labé, Mamadou Aliou Laly Diallo qui a vivement loué les actions de développement posées par l’ONG Solidarité Suisse-Guinée en faveur de sa ville.
« Effectivement, depuis des années maintenant, nous travaillons avec cette ONG Solidarité Suisse-Guinée. Avant même qu’on ne soit élu à la tête de cette collectivité, on était des personnes ressources qui ont accompagné cette ONG, parce que nous avons senti depuis le début la vision de l’ONG. Pour la première fois, nous avons été invités à accompagner l’ONG Solidarité Suisse-Guinée dans l’installation d’un centre de formation où des filles, des femmes déscolarisées ont été reçues et formées. Aujourd’hui, ces filles sont devenues des dames professionnelles, encadrées et accompagnées. C’est vraiment un modèle pour nous. Partout, même à l’international, nous avons toujours donné l’exemple de cette ONG Solidarité Suisse-Guinée qui est une partenaire privilégiée de la commune urbaine de Labé et qui nous accompagne depuis toujours. Elle nous a aidé à aménager le marché de Nafaya, relevant du quartier Madina, faire des hangars et des points d’eau, on a bénéficié de tout ça. Pour ce qui est de ce projet aussi, nous l’avons accueilli à bras ouverts. Nous nous sommes tellement impliqués, parce que nous savons que c’est une problématique majeure. Tout était tabou chez nous. Il fallait aller vers cette couche pour qu’elle prenne conscience elle-même le rôle qu’elle doit jouer. Finalement, ce projet nous a permis de briser ce tabou. Aujourd’hui, nous savons qu’en Afrique en général, cette question de la démographie se pose, cette question de santé se pose, ces questions de droits féminins se posent, cette question de violences, il faut reconnaitre que c’est vraiment un fléau. Mais, à travers ce projet, nous sommes entrain de camper cette situation et de pouvoir faire prendre conscience à cette couche féminine de ses droits, devoirs et rôles. Nous sommes entrain d’avoir une population sensibilisée, avertie et impliquée pour son propre devenir » a déclaré Mamadou Aliou Laly Diallo.
Partout où les hôtes de marque sont passés, la cheffe de mission de la Fédération Internationale de la Planification Familiale (IPPF), Madame Marie-Evelyne Petrus-Barry est largement revenue sur les raisons de la présence de sa délégation à Labé.
« Nous sommes en séjour en Guinée. Nous sommes venus à Labé rencontrer l’association Solidarité Suisse-Guinée avec qui nous avons développé un projet de partenariat sur les violences faites aux femmes, sur les questions de mutilations génitales féminines. Et au compte de ce partenariat, nous avons appuyé l’ouverture d’un centre d’hébergement, en complément de leur centre de formation » a-t-elle indiqué avant d’exprimer le souhait de l’IPPF de voir l’Association Solidarité Suisse-Guinée et l’Association Guinéenne pour le Bien-être Familial (AGBF) travailler ensemble.
« Elles n’ont pas les mêmes mandats, pas les mêmes faiblesses. Mais, pas non plus les mêmes forces. Notre association (AGBF) est experte en matière de santé de la reproduction et tout ce qui tourne autour de la santé de la reproduction. Tandis que l’association Solidarité Suisse-Guinée s’occupe plus particulièrement des questions de violences faites aux femmes. En fait, la question des droits des femmes est une question un peu holistique qui est couverte à la fois par des questions de santé de la reproduction mais également par les questions de violences faites aux femmes, et d’apprentissage aussi de la sexualité » a-t-elle ajouté.
L’idée, c’est étendre le champ d’action de ce partenariat avec Solidarité Suisse-Guinée pour que beaucoup plus de femmes, beaucoup de jeunes aient accès à la santé de la reproduction, aient accès à la connaissance des services de santé vie et de santé de la reproduction et puissent bénéficier des services qu’offres l’AGBF.
« Notre organisation, AGBF, offre des services de santé de la reproduction tandis que l’association Solidarité Suisse-Guinée offre des services liés aux violences faites aux femmes, aux mutilations génitales et aux violences domestiques. Les deux sont complémentaires que les deux puissent travailler ensemble » a-t-elle insisté.
Cette délégation est rentrée alarmée par la situation des femmes dans cette région « par le nombre de viols, le nombre de viols au sein du mariage, le nombre de grossesse non désirées, le nombre de mariages précoces, le fait que les femmes n’aient pratiquement pas accès aux services de santé de reproduction et quand elles y ont accès, elles ont y accès en ville mais on ne touche pas du tout les femmes villageoises » a-t-elle regretté.
Par ailleurs, elle déclare avoir été encouragée dans son combat par certaines jeunes filles qu’elle aurait vu très engagées.
« Il serait vraiment très important qu’on ait des adolescents, des jeunes filles, des jeunes hommes qui aient accès aux services de santé reproductive. Il faudrait déjà qu’ils aient accès aux soins tout court pour avoir accès à la santé de la reproduction. Je voie qu’il y a encore beaucoup de tabous et que l’éducation sexuelle complète n’est pas du tout encore quelque chose qui est entrée dans les mœurs, dans les écoles et dans l’éducation de base » a-t-elle conclu.
Sur la même lancée, la chargée des programmes de la Fédération Internationale de la Planification Familiale (IPPF), Manuelle Hurwitz, venue de Londres a insisté sur la nécessité de mettre en place une synergie d’actions entre l’ONG Solidarité Suisse-Guinée et l’Association Guinéenne pour le Bien-être Familial (AGBF).
« Nous avons constaté que les femmes et les filles sont maintenant capables d’exprimer ce qu’elles ont vécu ainsi que ce qu’elles voudraient recevoir de la part d’une organisation internationale, mais des organisations locales, des autorités qui pourront leur permettre de réaliser leurs espoirs, qui sont les mêmes espoirs pour toutes les jeunes filles et pour toutes les femmes dans le monde entier. C’est de pouvoir vivre dans le respect, pouvoir avoir accès à leurs droits, tous leurs droits, les droits humains et les droits à la santé sexuelle et de la reproduction et de pouvoir mener leur vie en tant que jeunes filles, en tant que femmes avec cette dignité qu’on leur doit. Ce que voudrait dire également ce que nous avons ici constaté qu’il y a énormément de possibilités, de potentiels qui existent au niveau des populations, des communautés pour s’entraider mais également pour la société civile, pour les ONG. Et c’est dans ce cadre-là que nous sommes venus. C’est justement pour renforcer certaines de ces synergies, certaines de ces collaborations, entre Solidarité Suisse-Guinée et notre association membre de l’IPPF, l’Association Guinéenne pour le Bien-être Familial qui font des travaux différents. Elles ont la même optique, la même valeur. Mais, elles réalisent ces valeurs de manières différentes. Notre association est particulièrement connue pour les services qu’elle offre. Ce sont des services complets de santé de la sexualité et de la reproduction, des services qui comprennent la planification familiale, les infections sexuellement transmissibles et généralement les soins gynécologiques. Dans le cadre de tous ces services qui sont offerts par notre association et qui sont souvent en manque, nous avons rencontré beaucoup de femmes avec des familles de 6 à 7 enfants. Nous avons rencontré des femmes qui n’ont jamais eu accès à des soins prénataux ou qui n’ont jamais eu accès à des informations concernant la planification familiale et nous considérons que le travail de terrain que la SSG fait, leur accès à la communauté va permettre de référer des femmes pour qu’elles aient accès à des soins qu’elles n’auraient jamais eus. En même temps, considérons que l’expertise SSG dans les questions de genre, de violences sexuelles et de mutilations génitales permet également d’assurer une meilleure compréhension de cette problématique au niveau de notre association » a-t-elle ajouté.
Le séjour de travail de cette mission de l’IPPF à Labé donne un grand espoir à la présidente de l’Association Solidarité Suisse-Guinée, Hadja Adjidjatou Baud.
« La chargée des programmes de l’IPPF m’a dit que nous fournissons des gros efforts sur le terrain. Nous espérons pouvoir bénéficier davantage de soutien de la part de l’IPPF en vue de consolider le centre de prise en charge des femmes et filles victimes de violences » a-t-elle révélé.
Il est à préciser que ce centre installé à Gadha Pounthioun dans la commune urbaine de Labé s’occupe des soins médicaux et psychologique des victimes. Il a besoin d’un autre volet portant sur l’accompagnement des femmes et filles victimes de violences dans les procédures judiciaires en vue d’une réparation des préjudices causés, à travers le recrutement des avocats.
« Cette mission est venue pour nous soutenir pour des questions de ce genre. Vous avez vu il n’y avait que des enfants. Ces enfants sont victimes de violences. On ne peut pas les abandonner comme ça. Il ne faut pas que ça perdure. Il faut qu’on montre que ça doit s’arrêter » a précisé Hadja Adjidjatou Baud.
En dehors du poste de santé de Tata I, dans la commune urbaine de Labé, le périple a conduit aussi la délégation de l’IPPF dans la ferme agroécologique didactique de Balipili, relevant de la collectivité rurale de Bantiguel dans la préfecture de Pita.
« C’est une ferme qui produit des céréales, des cultures maraichères et des cultures vivrières, des animaux et des fruits. Elle a été créée en 2021, en collaboration avec Antenna Fondation. Sa vocation est l’intensification de la production sur des surfaces très réduites dans un domaine de 5 ha. Elle est composée de 5 zones pour le maraichage, la semi agroforesterie, la culture des céréales, l’élevage des animaux et l’habitat. On a réalisé un forage et un bâtiment pour abriter les gens. Les femmes qui ont été victimes des violences conjugales sont surtout les bénéficiaires directes des activités de cette ferme. Elles y sont appuyées sur la production à haute intensité pour permettre une amélioration de productivité dans leur localité. Les victimes admises au centre de prise en charge qui souhaiteraient faire l’agriculture ont en cette ferme une opportunité de le faire » explique le chargé des projets de l’ONG Solidarité Suisse-Guinée, Mamadou Sanoussy Bah.
Il s’agit d’une ferme mère « où on apprend aux agriculteurs de produire sur une petite surface sans engrais chimiques et pesticides, tout ce dont ils ont besoin : céréales, fruits, légumes. Sur le plan avicole, on doit y faire l’élevage des poules, coqs, ovins et caprins. Des bœufs y seront également élevés et leurs crottes et fumier seront utilisés comme engrais » ajoute la présidente de l’ONG Solidarité Suisse Guinée, Hadja Adjidjatou Baud.
Idrissa Sampiring Diallo pour infosbruts.com
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