Labé, 13 Août (IBC) – Comme annoncé dans l’une de nos précédentes éditions, l’ancien maire UPR, Elhadj Ibrahima Sampiring Diallo, s’est fait échos des résultats de la mission d’inspection déployée à la Mairie de Labé par le gouvernorat, a pris la défense de la nouvelle équipe du conseil communal et vigoureusement dénoncé la tutelle préfectorale. Votre quotidien en ligne InfosBruts.com partage avec vous aujourd’hui son expérience en matière de gestion communale et de pièges contre une collectivité gérée par l’opposition.
Parlant du rôle que la tutelle devait jouer dans le cadre de l’encadre des collectivités décentralisées, l’ancien maire UPR de Labé, Elhadj Ibrahima Sampiring Diallo a tenu partager l’expérience que l’équipe du feu Pr Saïdou Maléah Diallo, alors député-maire a vécu entre 1995 et l’an 2000.
« Je reviens un peu en arrière parce que vous m’avez interrogé en tant qu’ancien maire. Lorsque nous avons été élus, en 1995, à la Mairie de Labé, à l’époque j’étais 3ème Maire-Adjoint, sous l’autorité du Pr Saïdou Maléah Diallo qui assurait les fonctions de député-maire. A l’époque, le Ministère de l’Administration du Territoire, à travers la Direction Nationale de la Décentralisation, avait signé un protocole d’accord avec le Grand Duchet de Luxembourg, en Belgique pour créer une Cellule d’Appui aux communes. Le Grand Duchet a alors dépêché une mission de formateurs à Labé pour former le conseil communal issu de l’opposition à la gestion communale. L’équipe des formateurs était composée d’un expert financier du nom de Jean Gérard Closset et Mamadou Kallé de la Direction Nationale de la Décentralisation. Notre compatriote était aussi très compétent en matière de communication, en matière de formation. Quand ils sont venus à Labé, on a fait 6 mois avec eux, à la Mairie de Labé. Du mois d’Août 1996 à Février 1997, ils étaient entrain de nous former comment gérer la commune » a expliqué Elhadj Ibrahima Sampiring Diallo.
Pour ce faire, la mission des formateurs a programmé 9 modules de formation comme le fonctionnement communal dans tous ses détails, le budget communal dans sa définition, son mode d’élaboration et comment l’exécuter. A cela, il faut ajouter le rôle de l’exécutif communal et le rôle du conseil communal. Il était aussi question de l’aperçu économique de la commune urbaine de Labé, une initiation en matière des microréalisations, la gestion financière et l’administration de la commune avec comme exemple une commune du Grand-Duchet de Luxembourg.
« Ils avaient invité justement le secrétaire général de cette commune belge à Labé où il est venu expliquer comment sa commune fonctionne au Luxembourg » a-t-il précisé.
Une autre formation portait également sur le compte administratif du maire et le compte de gestion du receveur. Sans oublier la communication et les règlements communaux.
« Chaque cours donné était immédiatement suivi d’exercices pratiques qui pouvaient prendre des jours. Pendant 6 mois, chaque jour il y avait un module suivi de débats et d’exercices pratiques. En plus de cette formation que nous nous avions reçue, le Ministère de l’Administration du Territoire invitait les exécutifs communaux à des ateliers de formation à Conakry et plusieurs fois nous avons participé à des ateliers de formation financés conjointement par la coopération française, le gouvernement guinéen et la Banque Mondiale. A mon arrivée à la tête de l’exécutif communal en 2001, j’ai mis à profit les dispositions du code des collectivités nous autorisant à avoir des relations transnationales, pour réussir une coopération avec le Sicoval de Toulouse à Labé, ces partenaires ont contribué aussi à la formation des conseillers communaux, à l’instar de la qualification que les conseillers communaux du Sicoval au Sud-Est de Toulouse, en France. C’est une communauté d’agglomération de 36 communes qui a beaucoup contribué à la formation de l’exécutif communal, du secrétaire général de la commune et du service technique communal. Après toutes ces formations, un maire qui exécute mal un budget ou qui passe à côté de la procédure est fautif. Je ne sais pas si l’actuelle équipe de la commune a reçu de telles formations. Mais, nous, nous avions reçu beaucoup de formation quand bien même nous constituions une commune de l’opposition et il n’était pas possible de nous tromper en matière de gestion communale. Il fallait connaitre tous les textes. On avait commencé par étudier l’ordonnance qui crée les communes en République de Guinée. Nous avons étudié le code civil, le code de procédure civil, le code pénal et le code de procédure pénale. Tout cela réuni, on était suffisamment bien informé et la mission est rentrée après 6 mois de séjour à Labé» a-t-il ajouté.
Partant de cette expérience, notre interlocuteur rappelle qu’il s’agit d’une jeune équipe à la tête de la commune urbaine de Labé.
« Aujourd’hui, c’est vrai que se sont plusieurs partis politiques qui sont là-bas. Mais, ce sont des gens qui sont pris dans le tas. Il y a des gens sans métier. Il y a des commerçants et des fonctionnaires, mais cela ne veut pas dire qu’ils maitrisent les outils de gestion d’une commune. S’ils ne sont pas formés, ils ne connaissent pas. On a beau être un bon enseignant, si on n’est pas initié à la gestion communale, on ne peut pas être capable de gérer correctement la commune. Je vous dis donc si les conseillers communaux sont fautifs, moi, j’impute la responsabilité à la tutelle. La tutelle la plus rapprochée d’abord, c’est la préfecture qui a des techniciens qu’il faut. Elle devrait venir régulièrement à la commune surveiller son évolution pour dire à l’équipe ce qui est bon et ce qui est mauvais. La préfecture a des financiers et des techniciens en matière de microréalisations. Quand il y a une décision communale, la commune doit envoyer une copie à la préfecture, attendre des jours pour savoir si la tutelle a des réactions à faire par rapport à ce document. Si cela ne se fait pas, qui est responsable en cas de faute. C’est la tutelle qui n’a pas joué son rôle » accuse l’ancien maire de Labé.
Et chaque commune a son secrétaire général : « en principe ce dernier doit être un professionnel de l’administration. Mais, est-ce qu’il connait ? Ce sont des gens recrutés comme ça. Est-ce que réellement, ils ont été recyclés à des fins de contrôle de gestion communal ? Ils doivent être les premiers conseillers du maire. Mais, si un contrôle fait réalise qu’un secrétaire général de commune a des lacunes, on doit le former. Si le maire et ses compagnons de l’exécutif ne connaissent pas, ils doivent être formés. Mais, si on ne fait rien, on attend qu’ils s’enfoncent dans la gestion pour venir dire qu’ils ont commis telle, telle et telle bêtise, le contrôle est venu trop tard comme si s’était un piège.»
L’ancien maire UPR de Labé, Elhadj Ibrahima Sampiring Diallo se souvient encore des contrôles inopinés que la commune recevait quand il était en déplacement loin de Labé.
« Quand j’étais maire, même au temps de feu Saïdou Maléah Diall quand il était maire, on recevait dans l’année trois inspection. Sinon, tous les 6 mois, on recevait une mission d’inspection. Heureusement, au niveau de Labé, nous avons un cadre ici, Maurice Kaman, directeur régional du plan et des statistiques qui connait vraiment la gestion. Il sait qu’il venait régulièrement à la commune de Labé pour procéder à des inspections, découvrir des erreurs et nous conseiller pour le redressement de ces erreurs. Si on les abandonne à eux-mêmes, de grâce qu’on ne me dise pas qu’ils ont fait ceci ou cela alors qu’on n’a pas pris toutes les dispositions pour les empêcher de faire ce qu’ils ont fait. Je ne suis pas un avocat défenseur du conseil communal, mais j’estime que la tutelle n’a pas joué efficacement son rôle. »
Peut-on alors s’attendre à des sanctions ? « Non, non ! Ils sont obligés cette fois-ci de conseiller, parce qu’ils ont une part de responsabilité dans la mauvaise gestion constatée. Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu mauvaise gestion, mais ils ont une part de responsabilité dans cette affaire, parce qu’on leur a dit il faut contrôler. La tutelle est là pour ça. Il y a deux types de contrôle. Le contrôle programmé et le contrôle inopiné. Moi, personnellement, chaque fois que je suis sorti en mission à l’extérieur du pays, je suis venu trouver qu’on a envoyé une mission d’inspection à mon insu. C’est le directeur de cabinet qui a conduit cette mission. Cela veut dire que c’est le gouvernorat qui a initié. C’est bien que le gouvernorat l’initie maintenant avant qu’il ne soit trop tard. La préfecture qui a des cadres doit à son tour aller sur le terrain, pas seulement dans la commune urbaine de Labé, mais dans les sous-préfectures pour apprendre aux gens comment gérer, expliquer comment il faut faire, organiser des séminaires de formation de façon périodique. Au bout d’un certain temps, celui qui commet une faute, on dira qu’il a bien fait parce qu’il a reçu la formation qu’il fallait, donc il a fait exprès » a-t-il conclu.
IBC/13/08/2020 ISD 622 269 551 & 622 252 611