Labé, 28 Juin (IBC) – Les fondateurs d’écoles privées implantées dans la commune urbaine de Labé, ont brillé par leur absence injustifiée à la table de négociation avec leurs employés hier, samedi, 27 juin 2020, dans les locaux de l’Inspection Régionale du Travail, sis au gouvernorat, compromettant ainsi la reprise des cours dans le secteur, a appris votre quotidien en ligne InfosBruts.com de sources concordantes.
Depuis l’annonce par le chef de l’Etat Alpha condé de la reprise des cours dans les écoles et universités guinéennes notamment pour les classes d’examen, les enseignants évoluant dans le privé et leurs employeurs ne conjuguent plus le même verbe. Les premiers réclament aux seconds le paiement des primes au prorata des charges de chaque enseignant pour le trimestre non enseigné.
Une injonction face à laquelle les fondateurs d’écoles privées ne comptent pas se plier. Pour tenter de sauver la situation l’inspection régionale du travail et la confédération nationale des travailleurs de Guinée ont invité les deux parties au dialogue. Enseignants et fondateurs d’écoles privées étaient donc conviés hier, samedi, 27 juin 2020, au gouvernorat de Labé, sous l’égide de l’Inspection Régionale du Travail pour tenter de trouver une solution consensuelle au différend qui oppose les protagonistes.
Dès 10 heures, plus de deux cents enseignants du privé ont répondu à l’appel. Mais à la surprise générale, les fondateurs d’écoles ont brillé par leur absence. Un acte que les chargés des cours ont assimilé à du mépris.
« L’inspecteur régional du travail et le secrétaire général de la CNTG, avaient convié les deux parties à une rencontre au gouvernorat ce samedi, 27 juin 2020, à 9h30. Les enseignants ont massivement répondu mais jusqu’à 10 heures aucun fondateur d’école n’a daigné se présenter. C’est une déception pour les enseignants de n’avoir vu aucun fondateur à cette rencontre. Nous avons mis en place une commission qui est sensée négocier avec eux, notre objectif était de discuter avec eux afin qu’on s’entende. Nous n’avons aucune intention de boycotter la réouverture, mais comme ils ont brillé par leur absence, nous brillerons par notre absence nous aussi le lundi, 29 juin 2020. Nous savons qu’ils vont tenter de casser notre mouvement en appelant les gens individuellement pour négocier avec eux. Mais, nous aussi, nous peaufinons des stratégies pour palier à leurs intrigues. Tant qu’ils ne nous appellent pas sous l’égide de l’Inspection du Travail, pour trouver une solution satisfaisante, nous ne retournerons pas en classe. Etant entendu que nous savons également que pour la plupart des cas, les parents d’élèves se sont acquittés des frais de scolarité de leurs enfants pour l’exercice», a laissé entendre Abdoulaye Sylla, chargé des cours de physique dans certaines écoles privées de la ville.
Même son de cloche du côté des enseignants fonctionnaires évoluant à cheval entre les écoles publiques et privées de Labé. Pour Abdoulaye Sow, Chargé des cours de Mathématiques, les enseignants fonctionnaires sont solidaires à la situation de leurs amis qui évoluent exclusivement dans le privé. Si les fondateurs d’écoles privées n’accèdent pas à la demande des enseignants, il n’y aura pas de reprise, a-t-il renchéri.
Interpellé sur le sujet, Yamoussa Soumah, président de l’Association des Fondateurs des Ecoles Privées de Labé, fustige la démarche des enseignants. Car, soutient-il, au lieu de s’adresser directement à aux fondateurs que nous sommes, ces derniers ont directement distillé des courriers à l’Inspection Régionale du Travail, à celle de l’Education et à la Direction Préfectorale de l’Education de Labé pour leur mettre la pression. Mais notre interlocuteur reconnaît que les fondateurs des écoles étaient conviés à la rencontre de ce samedi.
« Nous étions conviés ce samedi à venir discuter avec les enseignants sous la facilitation de l’inspecteur Régionale du Travail. On était disposé à participer. Mais, à notre fort étonnement, on entend hier vendredi un communiqué demandant à tous les enseignants de venir au gouvernorat samedi matin. Immédiatement, on a décidé de bouder la rencontre, parce que pour une négociation, on ne peut pas demander à tout le monde de venir. Même quand le gouvernement négocie avec le SLECG, ce n’est pas tous les enseignants de Guinée qui viennent dans la salle », a-t-il soutenu au téléphone de votre quotidien en ligne InfosBruts.com dans la soirée du samedi, 27 Juin 2020 avant d’ajouter: « nous avons trois catégories d’enseignants. Il y’a les permanents, le personnel de direction et les vacataires. Et ces vacataires, 95% d’entre eux émargent à la Fonction Publique. Ce sont d’ailleurs eux qui s’agitent et qui poussent les autres. Nous, notre problème, c’est d’abord les permanents. Car, avant que le président ne décrète l’Etat d’urgence sanitaire, on avait réuni les fondateurs pour leur dire tous ceux qui doivent aux enseignants payez-les intégralement, les autres ce sont des vacataires, nombre d’heures enseignées, nombre d’heures payées. Nous ne comprenons pas qu’on nous demande avril, mai et juin. Est-ce que ces mois ont été enseigné ? », s’es-il interrogé. Pour asseoir sa défense, le président de l’Association des Fondateurs des Ecoles Privées évoque un problème de trésorerie auquel certaines écoles sont confrontées. Car, à l’en croire, les parents d’élèves n’ont pour la plupart pas payé. Pour clore son intervention, Yamoussa Soumah estime qu’avec la distanciation sociale exigée par les Ministères en charge de l’Education, il y’a peu de chance que les enseignants du public puissent nous servir, parce que parfois le même enseignant peut se retrouver dans deux, trois écoles. Et avec la reprise post-covid-19, même ceux qui évoluent dans les classes intermédiaires seront mis à contribution.
Une nouvelle menace plane donc sur une bonne partie des candidats de la Région de Labé ce, après l’interminable grève du SLECG d’Aboubacar Soumah, les nombreuses manifestations du FNDC, le très contesté double scrutin et la pandémie du covid-19. Attendons donc de voir qui des fondateurs ou des enseignants auront le dernier mot.
IBC/28/06/2020 IFB/ISD 622 269 551 & 622 252 611