Guinée, 28 Juin (IBC) – Confrontée à plusieurs phénomènes naturels et artificiels en République de Guinée, la race dama du cheptel guinéen est menacée de disparition dans tout le pays, vient d’apprendre votre quotidien en ligne InfosBruts.com d’un ingénieur d’élevage ayant des compétences en médecine vétérinaire et spécialiste d’alimentation du bétail.
Au cours d’un entretien téléphonique qu’il a accordé à votre quotidien en ligne InfosBruts.com, dans la soirée d’hier, samedi, 27 juin 2020, aux environs de 22 heures, le maire de la commune rurale de Madina Wora, relevant de la préfecture de Mali, dans la Région Administrative (RA) de Labé, en Moyenne Guinée, Abdoulaye Karim Diallo tire la sonnette d’alarme et annonce que la race dama est menacée de disparition des parcs à bétail du pays, si rien n’est fait par les acteurs concernés dans les meilleurs délais.
« Il y a la sous-alimentation qui conduit les bêtes à manger n’importe comment, donc à s’intoxiquer et à mourir de suite d’intoxication alimentaire. C’est l’un des plus grands fléaux qui menace la race dama en Guinée. Il y a aussi la divagation qui expose le cheptel aux animaux sauvages et aux serpents. Il y a également le vol de bétail, sachant bien que ceux qui volent le font pour aller vendre et abattre et non pour l’élevage au risque de se prendre. A cela, il faut ajouter que rien n’est fait pour sécuriser les animaux dans les étables. Elle ne résiste pas à toutes les maladies. Si donc les vaccinations ne sont pas régulières, les animaux sont exposés aux deux formes de charbon et même la pasteurellose. Et puisqu’il n’y a pas de croisement, la race dama n’évolue pas. Elle reste elle-même » a expliqué le maire de Madina-Wora, Abdoulaye Karim Diallo.
Cet ancien directeur général de l’office national du bétail (OBETAIL) qui était à l’époque basé à l’abattoir de Coléah, dans la commune de Matam, à Conakry se montre catégorique : « cette situation se vérifie dans tout le pays. Même à Beyla et Gaoual qui sont les plus grands centres d’élevage dans notre pays. On ne fait nulle part d’élevage même semi-intensif. Tout est extensif en Guinée. L’essentiel du cheptel est abandonné.»
Pour sauver la race dama, notre interlocuteur préconise plusieurs pistes de solutions : « il faut avoir une ferme dans laquelle, on va sélectionner les génisses et les taureaux pour les garder en race pure. C’est-à-dire qu’ils soient croisés avec d’autres races. Chercher à les multiplier. Mais, avant tout, il faut assainir l’environnement dans lequel nous vivons. Il y a divers types d’élevage. Il y a l’élevage intensif dans les étables modernes où l’animal a tout surplace. Il n’a pas besoin d’aller ailleurs sauf en exercice musculaire. Il est né là, il grandit là, il se nourrit là. Il est soigné là. On le sort de là pour sa destination finale : la boucherie ou pour d’autres fins exotiques ou touristiques. Nous n’avons pas cet élevage, malheureusement. Certains font l’élevage semi-intensif ici. Ils font l’étable, ils clôturent bien. Mais, ils envoient les animaux paitre, ils les ramènent. Quand ils les ramènent, les animaux ont un complément alimentaire. Quand ils prennent l’habitude de ces compléments alimentaires, ils reviennent d’eux même. C’est l’élevage semi-intensif. Maintenant, nous avons l’élevage extensif qui est chez nous couramment. L’éleveur abandonne son cheptel dans la nature. Puisque c’est un élevage extensif avec lequel l’essentiel du cheptel est abandonné, il faut assainir l’environnement. Il faut qu’on accepte de faire des investissements humains pour ramasser tout ce que vous voyez là. Il faut ramasser le tout et procéder à des incinérations. Mais, qu’est-ce qui se passe aujourd’hui, même si les gens ramassent, ils jettent dans les rivières. C’est comme ça qu’on bouche aussi les lits des rivières. Tous les chiffons qu’elles doivent jeter, les femmes envoient dans les poubelles ou dans les rivières. Tant que nous ne trouvons pas un autre moyen de recyclage des ordures ménagères qui se trouvent actuellement dans les poubelles ou dans les rivières, notre dama se portera mal» a-t-il ajouté.
Abdoulaye Karim Diallo estime également que l’idée de mettre les animaux en sécurité dans une ferme moderne, offre la possibilité de perpétuer la race dama en cas de disparition des animaux errants.
A côté de tout cela, il faut cultiver l’alimentation du bétail, conclu l’ancien directeur général de l’OBETAIL.
IBC/28/06/2020 ISD 622 269 551 & 622 252 611