La décision du gouvernement guinéen de récompenser des « anciennes gloires » (du football guinée ?) continuent de susciter des réactions à travers les pays. Après Elhadj Aboubacar Titi Camara et tous les autres qui ont déjà donné leurs avis sur la question, c’est au tour de Hajja Koumanthio Zéïnab Diallo, membre de plusieurs organisations internationales d’écrivains de prendre la parole. Votre quotidien en ligne InfosBruts.com vous remercie d’avance de votre aimable attention !
Une grande décision vient d’être prise par le Président de la République : récompenser des « anciennes Gloires. » Je trouve que ce geste est tout simplement magnifique même si je ne suis pas d’accord avec le terme qui est utilisé. Chez moi il n’y a pas d’anciennes Gloires. Il y a des Gloires. Et comme telles, les Gloires transcendent le temps, elles restent. Merci donc à ceux qui ont eu cette idée lumineuse de récompenser les « anciennes Gloires ». Sincèrement merci car en Guinée, ces « anciennes Gloires » pour la plupart d’entre elles, sont dans le besoin, elles vivent dans le total dénuement. Oui ! Elles crèvent souvent aux alentours des poubelles. En silence. L’histoire l’a souvent démontré. Seulement voilà ! Les Gloires, c’est-à-dire ces hommes et ces femmes qui ont rendu d’énormes services à la nation sont nombreuses et de plusieurs bords. Le Ministère de la Culture des Sports et du Patrimoine Historique est immense et regorge de biens de Gloires. Tenez, dans le domaine de la littérature, (domaine que je connais mieux que les autres), avec la génération de Camara Laye, de Keita Fodéba, la littérature Guinéenne s’est frayée un chemin parce que portée par des grands. La Guinée s’est faite connaitre grâce aux talents de ses hommes de culture : l’enfant noir, Faralako, Et la nuit s’illumine, les ballets Africains et tant d’autres sont et restent de grosses factures Et après eux, la littérature Guinéenne continue son petit bonhomme de chemin parce que portée par des grands. Des Poètes parmi les plus puissants, des romanciers hors pair, des nouvellistes de génie, des dramaturges bien inspirés. Ils ont tenté d’assumer la relève. Ils ont tenté de faire naître une nouvelle littérature. En véritables maitres, ils ont bravés biens d’obstacles pour porter haut le Rouge Jaune Vert en hissant la littérature Guinéenne à la première loge Et puis il y a eu en 1984 la mise en place de l’Association des Ecrivains de Guinée, véritable creuset ou de grands talents ont vite germés et sont partis à l’assaut des grands espaces littéraires du monde. Les écrivains Guinéens ont produit et sont auteurs d’œuvres audacieuses et folles, des œuvres de haute haleine et de haut vertige et ont cueillis et continuent de cueillir d’année en année des distinctions qui démontrent à suffisance que la Guinée est une terre de culture. Croyez-moi, ce sont là des Gloires (anciennes ou actuelles) a n’en pas douter. Des Gloires littéraires, ou des écrivains surprennent, étonnent, dérangent et laissent leurs lecteurs ivres au bord des pages. Alors à quand la récompense des écrivains, ces gloires silencieuses qui vivent à travers la Guinée ? Et ces gestionnaires de notre patrimoine culturel qui s’évertuent à montrer la beauté de notre Guinée ? Et si par enchantement notre héroïque Conakry a eu la Gloire d’être « Capitale mondiale du Livre », l’illustre Williams Sassine et ses confrères n’écrivent pas en vain. Ils créent et recréent le monde. Plaise à Dieu qu’un jour ils puissent chanter que le jour de « Gloire est enfin arrivé ! »
Hajja Koumanthio Zeinab Diallo Ecrivain, membre fondateur de l’Association des Ecrivains de Guinée Présidente de l’Association des Femmes Poètes et Ecrivains de Guinée Membre du Comité de Coordination du Mouvement Mondial de la Poésie Prix du Grand baobab de la littérature